Le grand retour de la pensée critique...

Classée en cinquième position par le World Economic Forum parmi les compétences majeures du futur, la pensée critique – longtemps suspecte dans les organisations, au nom de valeur de loyauté – fait désormais partie des soft skills incontournables. – Nos experts R&D chez PerformanSe, nous expliquent en quoi elle consiste et comment la développer…

La pensée critique est une pensée réfléchie, réflexive, rationnelle. Elle correspond à un processus conscient, délibéré, intentionnel, et constitue ainsi une alternative aux processus habituels, souvent plus intuitifs. A ce titre, la pensée critique est aussi plus « coûteuse » en termes cognitifs, plus exigeante, elle demande un recul, du temps et des efforts. Il ne s’agit pas d’une intelligence “algorithmique” – celle mesurée par le QI – mais bien plutôt d’une capacité à évaluer les situations de façon fine, pour y prendre des décisions justes…

Parce que l’agilité dont ont besoin les organisations pour s’adapter à des changements de plus en plus rapides suppose une souplesse et une acuité particulières. Là même où l’excès d’informations disponibles et l’injonction de rapidité nous pousseraient plutôt à raisonner de manière erronée ! La pensée critique devient ainsi la compétence nécessaire pour prendre des décisions justes dans des contextes mouvants et chargés.

Il y a différentes manières de la repérer, car elle est faite à la fois de capacités cognitives et de postures. Ainsi, elle a bien sûr à voir avec des capacités de raisonnement et de résolution de problèmes (capacité à distinguer les faits et les opinions, à évaluer les arguments et à en tirer des conclusions justes). Elle correspond également à des attributs de personnalité spécifiques (ouverture, maturité de jugement notamment), mais aussi à un certain type de posture intellectuelle (habilité à poser des questions, confiance dans sa propre lucidité)…

Pour nourrir la pensée critique en soi, il est important de cultiver une attitude d’humilité face aux sujets qui nous concernent, tout en développant ainsi une vraie capacité à questionner les idées reçues : apprendre à investiguer, à diversifier et croiser les sources d’information, à évaluer la qualité des arguments et la justesse des raisonnements…

Enfin il importe aussi d’être critique… avec la pensée critique elle-même ! Pour savoir quand il est nécessaire de l’activer (car elle est coûteuse en termes de ressources internes), et aussi quelles sont les situations – riches en tensions / en émotions par exemple - dans lesquelles le risque de biais cognitifs est important.

C’est une vraie question, car la pensée critique s’oppose de fait à de nombreuses logiques à l’œuvre dans les organisations classiques : obéissance, respect des règles, des processus et de la hiérarchie, jeux d’alliances et d’influence, injonction d’action rapide etc. Le développement de la pensée critique va demander ainsi de l’ouverture et de la maturité de la part du management, ainsi qu’un certain degré de liberté et de confiance, mais aussi une qualité de forme et d’intention pour pouvoir être accueillie. Dans tous les cas, il est essentiel de ne pas en faire une compétence attendue dans l’organisation… si on ne crée pas d’abord les conditions pour qu’elle y soit bien reçue !