[Interview Client – Barrière] Mieux manager… pour mieux fidéliser !
PerformanSe|6 min. de lecture|21 mars
Le groupe Barrière est un groupe majeur dans l’industrie des casinos, du tourisme et de l’hôtellerie. Avec près de 7 000 salariés aujourd’hui, et plus de 180 000 payes établies chaque année (en incluant les saisonniers, les extras, les contrats d’usage), la question de la carrière s’y pose donc de façon évidente, d’autant que les différents sites et métiers du groupe permettent naturellement des mobilités et des évolutions.
André Decoutere, Directeur des Ressources Humaines du Groupe depuis 2006, a donc une vision éprouvée du sujet. Il répond à nos questions de façon libre et ouverte :
En 20 ans, qu’est-ce qui a le plus changé selon vous quand on pense gestion de carrière ?
Il y a 20 ans, c’étaient les salariés qui parlaient « carrière », aujourd’hui c’est plutôt l’organisation… parce qu’elle cherche des moyens de les retenir ! Les collaborateurs raisonnent de plus en plus à court terme en effet. Ils se projettent peu, réfléchir à 10 ans ne fait guère de sens pour eux désormais, ils prennent ce qui se présente. Et après on verra bien…
Est-ce que la pandémie vous semble avoir joué un rôle majeur dans cette transformation ?
Elle a surtout servi de déclencheur, et contribué à libérer la parole. Ce qui était déjà latent est devenu ainsi plus explicite. Les collaborateurs osent désormais s’exprimer plus facilement, mais les organisations récoltent en réalité ce qu’elles ont semé depuis des décennies. Dans nos métiers, c’est moins la COVID qui est en cause en effet qu’une certaine médiocrité de pratiques RH, avec des salaires longtemps limités au minimum, des horaires difficiles, des conditions de travail très exigeantes, un management dur, beaucoup de pression sur les équipes…
En quoi les jeunes collaborateurs sont-ils différents aujourd’hui ?
Ils sont à la fois plus autonomes… et plus soucieux de l’être ! Il y a une envie évidente de travailler autrement, de pouvoir s’organiser plus librement, mais aussi une capacité à le faire. Et bien sûr, ils zappent aussi plus rapidement, la fidélité dans les organisations est moins évidente. On retient surtout bien… ceux qui ne veulent pas partir.
En matière de gestion de carrière, la clé c’est le management. Et le bon manager aujourd’hui est celui qui sait faire des efforts pour ses équipes, pas seulement en demander.
Comment retenir alors les meilleurs, collaborateurs dans un tel contexte de mobilité et d’incertitude ?
La clé, c’est le management. Si on veut développer la fidélité des équipes, il faut faire évoluer ses managers, les former, les accompagner. Car c’est leur qualité de management au quotidien qui va créer – ou pas – la qualité d’ambiance, le respect, la considération, dont les jeunes aujourd’hui ont besoin plus que jamais. Le temps où les chefs pouvaient hurler en cuisine, c’est fini. Le bon manager aujourd’hui est celui qui sait faire des efforts pour ses équipes, pas seulement en demander.
Comment le Groupe Barrière envisage–t-il ainsi concrètement les questions de carrière et de mobilité ?
Chez Barrière, la qualité des rapports humains a toujours été au coeur de notre métier et de nos valeurs. Au fond, le Groupe fédère des individus qui aiment servir, faire plaisir, prendre soin de l’autre. C’est pourquoi nous avons d’abord remis à plat nos valeurs managériales, avant de développer des formations ad hoc pour nos managers. Et – logiquement – nous avons privilégié ainsi les questions collaboratives, les valeurs éthiques, pour donner la priorité à un management positif. Mais nous avons aussi créé une académie en 2019, avec un campus Barrière et de vrais cursus de formation à nos métiers, afin de faciliter progressions et mobilités pour tous ceux qui le souhaitent…
Et si vous aviez une réflexion générale, pour finir, sur la gestion de carrière ?
Je crois qu’en matière de gestion de carrière, il faut savoir garder une certaine spontanéité, pour pouvoir s’adapter en souplesse aux attentes et aux besoins de chacun. Dans les entretiens de carrière, nous avons ainsi imaginé une case à cocher… si on ne souhaite surtout pas bouger pour le moment. Et, en parallèle, nous avons aussi créé le mois de la mobilité, pour que ceux qui veulent vraiment bouger puissent exprimer des idées, des projets qui leur tiennent à coeur. Mais il ne faut pas chercher à retenir pour retenir. Le turnover peut avoir du bon aussi. L’important est de rester simple, naturel, à l’écoute surtout…
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