Accueillir l’impertinence en entreprise et savoir l’exprimer
Dans un monde toujours plus ouvert, plus mobile, plus connecté, le besoin de liberté d’expression progresse, tandis que progresse aussi pour les organisations le besoin de trouver de nouvelles manières de fonctionner ensemble. Confronté à ce double défi, obéissance et loyauté ne suffisent plus. Emmanuelle Joseph-Dailly, anthropologue, auteure, conférencière et Directrice du Lab Recherches et Prospective de Julhiet Sterwen nous explique ainsi l’importance de la pensée critique et donc de l’impertinence qu’elle appelle raisonnée, élégante…
Comment l’entreprise peut-elle rester durablement désirable ?
En permettant à chacun de venir comme il est ! Et le développement du télétravail rend cela d’autant plus indispensable, que chacun chez lui prend l’habitude de fonctionner plus librement. On ne pourra plus demain faire comme avant les confinements. L’entreprise doit apprendre à assouplir ses critères, à élargir sa vision de ce qu’est un « bon » collaborateur et comment il doit se comporter, pour permettre à chacun d’être plus authentique au travail.
Dans vos écrits et vos interventions, vous prônez ainsi l’impertinence raisonnée en entreprise…
Oui, car les entreprises ont plus que jamais besoin d’innover pour s’adapter. Dans ces conditions, il est évident que la pensée critique devient une compétence clé du XXIe siècle. On ne peut plus seulement compter comme avant sur l’obéissance et la loyauté des collaborateurs. Or, l’impertinence élégante suppose justement une certaine liberté de mouvement, de ton. Je ne peux pas innover si je ne peux pas exprimer une pensée alternative. L’entreprise a besoin de talents qui sachent tordre le cadre sans le briser.
Comment faire pour accueillir l’impertinence ?
C’est difficile, il est vrai, car il faut parvenir à créer des espaces de liberté au sein du fonctionnement d’ensemble, inventer un nouvel équilibre entre le lien hiérarchique et les possibilités d’expression. C’est vraiment le moment de créer une culture organisationnelle qui puisse l’accueillir, oser une ouverture, mieux accepter la divergence, le dissensus, sur des bases raisonnées. Louis Gallois parlait ainsi « d’impertinence constructive ».
L’individu lui aussi doit donc apprendre à l’exprimer ?
Naturellement, car l’impertinence est aussi difficile à recevoir. Une impertinence trop émotionnelle ne pourra pas trouver sa place dans les organisations. Nous avons tous besoin en effet d’apprendre à exprimer nos divergences, et c’est aussi une affaire de maîtrise émotionnelle. L’impertinence raisonnée est assertive, maîtrisée et respectueuse de l’autre. Celui qui la porte a su apprendre à être en désaccord… tout en restant en lien.
L’idéal pour vous serait ainsi de développer en entreprise une sorte « d’impertinence élégante » ?
L’impertinent élégant ose exprimer ce qu’il voit, ce qu’il pense, ce qu’il ressent et qui peut faire sens pour l’organisation. Mais, comme il comprend le système, en connaît bien les codes et les accepte, il sait l’exprimer sans agressivité, sans revendications inutiles, sans arrogance parasite. Il respecte la position de l’autre. Il respecte son émotion. Et ainsi il peut se faire entendre, être reconnu pour ce qu’il a à dire et faire bouger les lignes. A ce niveau, l’impertinence… devient une pertinence essentielle !
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